Végétaliser des milieux naturels qui en avaient bien besoin
Lorsque votre gazon fait mine basse ou que votre plate-bande est dégarnie, vous ensemencez et plantez de nouvelles fleurs. Lorsqu’un milieu naturel est perturbé ou dégradé, il peut lui aussi avoir besoin d’un coup de pouce pour retrouver une végétation dense, diversifiée et la plus représentative possible d’un écosystème sain. Il y a quatre grandes solutions, la colonisation spontanée, l’ensemencement, la plantation et le transfert de sol. Quelle est la meilleure? En fait, ça dépend du contexte et des objectifs de la restauration écologique souhaitée. Toutes ont des avantages et des inconvénients.
La colonisation spontanée
Ne serait-ce pas merveilleux d’avoir une plate-bande parfaite sans effort! De la même façon, l’intervention humaine n’est pas toujours nécessaire pour ramener la végétation sur un site. Par exemple, si une portion de forêt a brûlé, elle peut se régénérer naturellement. Les animaux, le vent et l’eau peuvent transporter de nouvelles graines. Le sol regorge aussi d’une gigantesque quantité de graines qui attendent les conditions favorables pour germer. Avec le temps, celles-ci vont germer et repeupler le site.
L’avantage de cette technique est sa simplicité. En plus, elle utilise des graines à proximité, ce qui conserve les adaptations de la végétation locale. De plus, pour favoriser le retour naturel de la végétation, nous pouvons aussi donner un petit coup de pouce. Par exemple, pour un milieu humide dégradé, on pourrait creuser le sol à certains endroits et favoriser le retour de végétation qui aime avoir les pieds dans l’eau. En revanche, la colonisation spontanée est moins efficace si le milieu naturel est isolé. Par exemple, une forêt urbaine est entourée de constructions humaines et est isolée des autres milieux naturels. Aussi, elle peut favoriser espèces floristiques exotiques envahissantes. Celle-ci aurait sûrement besoin de notre aide pour s’assurer d’une saine biodiversité végétale.
L’ensemencement et la plantation
On connait si on aime jardiner. Ces deux techniques de végétalisation sont actives. Elles nécessitent une intervention humaine réfléchie. Ensemencer un site, c’est lui fournir de nouvelles graines. Elles peuvent être simplement lancées sur le sol ou enfouies avec précaution. La plantation consiste plutôt à ajouter des végétaux plus ou moins matures sur le site, comme les plants de tomate dans le jardin. On peut aussi choisir de faire à la fois de l’ensemencement et de la plantation, sur un site à restaurer. Par exemple, on pourrait ensemencer toute la surface d’un pré fleuri et seulement y planter quelques arbres et arbustes.
En comparaison, la plantation offre tout de suite un couvert végétal, contrairement à l’ensemencement, mais elle demande plus d’effort d’installation. Aussi, l’ensemencement est moins couteux que la plantation. Les deux techniques restent toutefois dispendieuses s’il faut commander les graines et les plants chez un fournisseur. En plus, toutes les espèces ne sont pas nécessairement disponibles en magasin ce qui réduit les possibilités. Imaginez, vous souhaitez diversifier votre plate-bande, cependant, les tulipes sont les seules fleurs disponibles …
Le transfert de sol
Prendre du sol chez son voisin et le répandre chez soi. Rassurez-vous, ce n’est pas aussi bizarre que ça! Le transfert de sol consiste à prélever un petit échantillon de sol dans un milieu naturel en santé et de l’étendre dans un milieu naturel dégradé. C’est comme la mise de fond qui fructifie avec le temps et… nous permet d’acheter plus de plantes pour le jardin! La banque de graines et les végétaux contenus dans le sol collecté vont permettre la reprise végétale. Si cette approche est bien réalisée, elle ne dégrade pas le milieu donneur.
L’avantage de cette technique est d’utiliser des espèces locales. L’inconvénient est de parfois avoir des surprises… Vous plantez des rosiers, mais ce sont majoritairement des marguerites qui repoussent. Il y a des graines dans le sol qui n’ont pas les bonnes conditions pour germer, alors on ne voit pas ces plantes dans le milieu naturel. Avec le transfert de sol, ces graines peuvent trouver un environnement plus propice à leur germination. Lorsque ces espèces surprises sont indigènes tout va bien, mais si elles sont exotiques et envahissantes, alors on dégrade encore plus le milieu que l’on voulait sauver.
Chez soi comme en nature, on veut une belle végétation fournie, saine et diversifiée. Pour végétaliser un milieu naturel dégradé, la colonisation spontanée, l’ensemencement, la plantation et le transfert de sol sont nos alliés. En travaillant dans votre jardin cet été, pensez-y, vous êtes-vous aussi en train de végétaliser à votre manière!
Ah oui, n’oublions pas le précieux processus d’apprentissage en continu! Il est très important de prendre des notes et de documenter les travaux afin de mieux faire la prochaine fois. Aussi, de se féliciter si nos efforts se traduisent par un succès et de faire profiter les autres de nos expérimentations. Semons, plantons, transférons nos connaissances pour le bien de toustes et de la nature.