LE TRANSFERT DE SOL… ET DE CONNAISSANCES
J’adore vulgariser, bonifier mes connaissances sur un sujet en fouillant dans la littérature scientifique et partager mes découvertes de façon ludique. J’ai la chance de faire cela chez T2 Environnement depuis 2023. En parallèle, je vais moi aussi participer à cette fameuse littérature scientifique, puisque je me suis lancé, depuis janvier dernier, en recherche. Et oui, je fais un projet de maîtrise en biologie végétale! Je réalise ma maîtrise à l’Université Laval dans le laboratoire de Monique Poulin et j’ai la chance d’être financé par le Fonds de recherche du Québec – Secteur Nature et Technologies. Mon sujet porte sur le transfert de sol, une technique de végétalisation active utilisée en restauration écologique. J’ai choisi cette incursion en recherche parce que les milieux humides me tiennent à cœur, parce que la restauration écologique est un complément essentiel à la conservation de ceux-ci et parce que le transfert de sol est une technique intrigante. Je vous présente donc mon projet, ce qu’est le transfert de sol et où j’en suis.
Le transfert de sol, c’est quoi?
Comme le nom l’indique, il s’agit de transférer un échantillon de sol d’un site donneur (écosystème naturel) vers un site receveur (écosystème à restaurer). On récolte seulement les premiers centimètres de sol. Cette technique de végétalisation active permet de transférer les graines, les racines, les rhizomes et de la végétation vivante, en plus de transférer des nutriments, des minéraux, des microorganismes et des petits animaux du sol (pédofaune) comme des insectes. L’échantillon de sol est ensuite plus ou moins fragmenté et mélangé avant d’être déposé en une couche mince sur toute la surface du site receveur. Le ratio de transfert entre le site donneur et le receveur peut aller de 1:1 à 1:10 en général. Ainsi, avec un petit échantillon de sol, on peut favoriser la reprise végétale d’une grande surface perturbée.
Plusieurs études en prairies sèches, en milieux forestiers et en milieux humides montrent une reprise végétale intéressante avec le transfert de sol. Précisément, on peut retrouver une communauté végétale riche et diversifiée en espèces indigènes en plus d’avoir un bon recouvrement végétal sur le site. Cependant, il est impossible de retrouver exactement la communauté végétale du site donneur ou même de l’écosystème de référence avant la dégradation. De plus, cette technique n’est pas toujours un succès.
Mon projet de maîtrise
Je m’intéresse à l’efficacité de cette technique pour retrouver une végétation diversifiée dans les prairies humides, les marais et les marécages à restaurer. Je vais faire des expériences en serre et à l’extérieur. Mon projet vise donc à comprendre l’impact de différents paramètres sur le succès du transfert de sol : la hauteur de la nappe phréatique, le type de sol, la présence ou non de paillis et le choix de la communauté donneuse. Je veux voir comment ceux-ci influencent la communauté végétale qui s’installe à la suite du transfert de sol. J’ai déjà commencé mes expériences, et tout l’été, je vais observer la croissance de mes plantes. Dans deux ans, je vais publier les résultats de mes recherches et ainsi participer aux connaissances scientifiques dans le domaine de la restauration écologique des milieux humides par la technique de végétalisation active nommée transfert de sol.
Bref, le transfert de sol est une technique intéressante pour revégétaliser des milieux naturels dégradés. Mon projet de maîtrise porte précisément sur son efficacité en prairies humides, marais et marécages. Si vous êtes patient·es, je pourrai vous vulgariser, et vous transférer, mes conclusions de recherche dans un autre article de blogue!