LES LENTILLES D’EAU, AMIES DE LA PHYTOREMÉDIATION

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Maintenant que vous connaissez les plantes aquatiques, voir l’article du 22 juillet, découvrez la phytoremédiation par les lentilles d’eau !

Comprendre le mécanisme

La phytoremédiation est la décontamination d’un milieu à l’aide des plantes. Spécifiquement, pour la lentille d’eau, il s’agit de rhizofiltration. C’est la capacité de certaines plantes à absorber les contaminants du milieu par leurs racines et de les conserver dans leur structure végétative tout au long de leur vie.

Lemna minor, une espèce bien étudiée

Les lentilles d’eau sont des plantes aquatiques flottantes avec des petites racines directement en contact avec l’eau. La lentille d’eau Lemna minor est une espèce très étudiée en phytoremédiation. Elle est l’une des macrophytes les plus performantes observées [1]. De plus, la rapidité de croissance de cette plante favorise son utilisation.

 

Schéma réalisé avec canvas

 

L’avantage des lentilles d’eau, dont Lemna minor, est leur double capacité d’absorption des contaminants ; par sa biomasse vivante (rhizofiltration) ou par sa biomasse sèche (substance biosorbante) [2].  La deuxième technique présentée est en fait un mécanisme « éponge ». Les lentilles d’eau mortes peuvent emmagasiner des contaminants de façon passive comme le ferait une éponge à récurer avec l’eau. C’est grâce, d’abord, à la structure poreuse et aérée, ensuite, à certaines molécules qui pourraient attirer les métaux lourds.  Par exemple, la masse sèche des lentilles d’eau peut permettre de détoxifier un effluent dilué. [2]

L’étendu du travail de Lemna minor

 La masse sèche de lemna minor est utilisée entre autres pour absorber des métaux lourds comme l’arsenic et le plomb, ainsi que le cadmium, le nickel, le cuivre, le mercure et le zinc [1]. Par la rhizofiltration, cette plante peut aussi emmagasiner les éléments suivants [1] :

  • Nutriments
  • Métaux lourds
  • Polluants organiques
  • Produits agrochimiques
  • Produits pharmaceutiques
  • Produits personnels
  • Déchets radioactifs
  • Hydrocarbures
  • Teintures
  • Toxines

La phytoremédiation offre une décontamination moins couteuse et plus environnementale que les autres techniques [2]. Les lentilles d’eau peuvent servir à la décontamination des eaux usées, des eaux de ruissellement agricole, de milieux humides et hydriques contaminés [3]… Cependant, une initiative encore plus efficace serait de s’occuper du problème à la source !  Prévenir au lieu de guérir ; réduire la fabrication de déchets anthropiques pour avoir moins de milieux à décontaminer.

 

[1] Ekperusi, A. O., Sikoki, F. D. et Nwachukwu, E. O. (2019). Application of common duckweed (Lemna minor) in phytoremediation of chemicals in the environment: State and future perspective. Chemosphere, 223, 285‑309. https://doi.org/10.1016/j.chemosphere.2019.02.025

[2] Kaur, L. et Kanwar, N. (2021). Duckweed: a model for phytoremediation technology. The Holistic Approach to Environment, 12(1), 39‑58. https://doi.org/10.33765/thate.12.1.4

[3] Tiwari, J., Ankit, Sweta, Kumar, S., Korstad, J. et Bauddh, K. (2019). Chapter 5 – Ecorestoration of Polluted Aquatic Ecosystems Through Rhizofiltration. Dans V. C. Pandey et K. Bauddh (dir.), Phytomanagement of Polluted Sites (p. 179‑201). Elsevier. https://doi.org/10.1016/B978-0-12-813912-7.00005-3

 

Texte de Audrey Thériault