UN MARAIS FILTRANT PRÈS DE CHEZ VOUS

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L’agriculture, les systèmes d’épuration d’eau et les entreprises diverses ont des eaux usées à traiter. L’installation d’un marais filtrant est une technique de choix pour décontaminer ces effluents. De quoi intéresser les amateur.trice.s de plantes ! 

Un marais filtrant est un marais artificiel qui recrée toutes les fonctions d’un marais naturel [1]. Le but est d’utiliser cette construction pour filtrer et décontaminer des eaux usées diverses [2]. Le mécanisme se divise en 4 processus : le processus physique, le processus chimique, la bioaccumulation et la biodégradation par les microorganismes et parfois la biotransformation par les plantes [1][3]. 

Quenouilles, image de Carla Bosteder

Processus physique  

Lorsque les eaux usées traversent le marais, les matières en suspension sont retenues par les racines et le gravier, comme le ferait une passoire. De plus, les particules plus lourdes sédimentent et se retrouvent au fond [1]. 

Processus chimique 

Certains éléments (fer, aluminium, calcium et magnésium) contenu dans le gravier peuvent «attirer» les polluants, comme le phosphore et les métaux lourd, les empêchant de continuer leur chemin plus loin dans l’eau. Il s’agit de l’action d’adsorber, retenir des particules sans les absorber, ou de l’action de précipitation, formation de solides dans un liquide [1]. 

 Bioaccumulation 

C’est la capacité des plantes à absorber des contaminants du sol ou de l’eau dans leurs tissus et les conserver dans l’organisme. Les polluants comme le plomb, le cuivre et plusieurs autres restent dans les parties aériennes de la plante. Il faut ensuite couper ou retirer les plantes contaminées [1]. 

Biodégradation par les microorganismes 

Les microorganismes présents dans le marais filtrant font la majorité du travail. Ils fragmentent les molécules complexes pour les rendre plus facilement assimilables pour d’autres microorganismes. Ensuite, les molécules simples et plus petites sont transformées par le métabolisme des microorganismes par différentes voies selon la nature de la molécule. [1] 

Biotransformation par les plantes 

Certaines plantes, en plus d’accumuler des polluants, peuvent les métaboliser. Cette technique de phytoremédiation se nomme la phytodégradation. C’est une transformation des polluants dans les tissus de la plante [3]. 

 

 Avantage des marais filtrants 

 Les marais filtrants artificiels sont utilisés pour décontaminer des eaux polluées de diverses natures : pour application résidentielle comme les eaux usées municipales, commerciales et industrielles comme des effluents de papeterie, ou agricole comme les eaux de ruissellement [1][4] . Au Québec, cette technologie est utilisée depuis les années 90, environ 350 systèmes existaient en 2018 [4]. 

Faune et flore, image de Raymond Brettschneider

Les marais filtrants offrent des procédés naturels, peu couteux, qui contribuent au paysage (visuel intéressant), ainsi qu’au au maintien de la biodiversité animale et végétale [1][4].  Ils permettent d’améliorer la qualité de l’eau ; de retenir des polluants, de réduire la quantité de substances organiques et des bactéries [2]. À titre d’exemple, une étude a révélé une diminution de 18% d’azote et de 41% de phosphore à la suite de l’installation d’un marais filtrant pour le traitement d’une partie des eaux du ruisseau Walbridge, en Estrie  [5]

 

 La nature représente vraiment une source de solutions intarissables ! 

 

[1] Société québécoise de phytotechnologie, Fiches techniques de la SQP. 1. LES MARAIS FILTRANTS. 28 mai 2014. www.phytotechno.com https://www.phytotechno.com/wp-content/uploads/2018/02/SQP_Fiche_MaraisFiltrants.pdf

[2] Rivard, G avec la participation du Ministère du Développement durable, de l’Environnement, de la Faune et des Parcs et du Ministère des Affaires minucipales, des Régions et de l’Occupation du territoire . (s.d.) Guide de gestion des eaux pluvialeshttps://www.environnement.gouv.qc.ca/eau/pluviales/guide-gestion-eaux-pluviales.pdf

[3] Société québécoise de phytotechnologie, Fiches techniques de la SQP. La phytoremédiation. 1er juin 2016. www.phytotechno.com https://www.phytotechno.com/wp-content/uploads/2018/04/fiches-Phytoremediation.pdf

[4] Marqis, D et Hénault-Ethier, L. (s.d) Quel avenir pour les phytotechnologies au québec ? https://fr.davidsuzuki.org/wp-content/uploads/sites/3/2018/11/Rapport-Phytotechnologies-DSF-SQP_FINAL_2018-11-22.pdf

[5] kroeger et al. (2009) Les marais filtrants : une solution pour restaure les cours d’eau agricoles. Agro solution. https://irda.blob.core.windows.net/media/2251/kroeger-et-al-2009_article_marais_filtrants.pdf

 

Texte de Audrey Thériault