Les Cervidés et l’Homme, une histoire d’adaptation

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Les cervidés : famille de mammifères ongulés dont les mâles portent des bois (cerf, chevreuil…). (Larousse, s.d.)

Le mois de décembre dernier, la cour d’appel a suspendu la chasse contrôlée aux cerfs qui surpeuplent actuellement le fameux parc Michel-Chartrand, à Longueuil. La cause devra d’abord être entendue par la Cour supérieure en avril prochain, avant que la ville ait le feu vert. (Corriveau, 2022)

Crédit : Christels

Crédit : edbo23

Le cerf de Virginie, cervidé le plus commun en Amérique du Nord, a pu étendre son habitat grâce à la présence de l’humain sur son territoire. La coupe d’arbre, la diminution du nombre de prédateurs ainsi que la réglementation sur la chasse sont tous des facteurs anthropiques qui lui permettent à ce jour de proliférer, et ce, même en zone urbaine. (Nature Québec, 2022) Le parc Michel-Chartrand, avec une population de 108 individus selon le MFFP, a largement dépassé sa capacité de support d’une dizaine de cervidés seulement.

Capacité de support : taille maximale de la population d’une espèce qu’un milieu peut supporter (Hixon et Fath, 2008).

Si le Québec méridional se voit surpeuplé de cerf de Virginie, le nord de la province, quant à lui, craint pour l’extinction de certaines espèces de cervidés. C’est notamment le cas du caribou forestier, qui subit un déclin inquiétant, principalement dû à la destruction de son habitat par les coupes forestières. Étant un indicateur environnemental important pour juger de la santé des forêts, il n’est que trop prudent d’affirmer que les écosystèmes du nord se dégradent à vue d’œil. (Shields, 2022)

Crédit : OrnaW

Crédit : OrnaW

Au Québec, trois écotypes différents de caribous sont présents sur le territoire. Le caribou forestier, espèce vulnérable selon la législation québécoise, se retrouve dans la forêt boréale. Le caribou montagnard, quant à lui, possède un tout petit territoire dans les massifs montagneux gaspésiens et est grandement menacé. Le caribou migrateur se promène entre la forêt boréale et la toundra arctique. Bien qu’il ne possède aucun statut légal, sa population, tout comme celle des deux autres, décline année après année. (Nature Québec, 2022)

Écotype : Sous-espèce engendrée par la sélection au sein d’un habitat particulier et s’étant adaptée génétiquement à cet habitat, mais qui peut se croiser avec d’autres membres de l’espèce (actu-Environnement, s.d.).

Plusieurs projets de part et d’autre du Québec voient le jour afin de lutter contre la disparition de l’espèce. Des aires protégées en partenariat avec les communautés autochtones Innus, des hardes de Val-d’Or et de Charlevoix envoyées en captivités et des projets de mise en enclos de femelles gestantes en Gaspésie : tous et toutes tentent de sauver le Caribou. (Shields, 2022)

Crédit : 12019

Crédit : 12019

Le dernier et non le moindre, le cervidé qui, selon une récente étude de l’université Laval, diminue les effets des changements climatiques sur les forêts du Nord; l’orignal. Ce gigantesque herbivore peut ingérer des milliers de kilogrammes de ramilles d’arbre en une seule année. Vivant dans la forêt boréale, les feuillus se font habituellement rares parmi les épinettes. Or, dû aux changements climatiques, ces premiers, mieux adaptés aux températures plus élevées, font compétition aux conifères. Un déséquilibre s’installe tranquillement dans les écosystèmes du Nord, à moins d’une présence accrue d’orignal. En effet, se nourrissant de feuillus, il diminue la pression que ceux-ci exercent sur leurs compétiteurs et vient rétablir l’équilibre des peuplements forestiers.

Ramille : dernière division des plus petites branches d’un arbre (Adapté du Larousse, s.d.).

À noter toutefois que le réchauffement du climat n’apporte pas que du positif à cet imposant cervidé. La tique d’hiver, espèce ayant progressé rapidement vers le nord dû aux températures plus clémentes, fait des ravages au sein des populations d’orignaux. (Dufresne, 2019)

 

Cerf de Virginie, caribou et orignal, saurez-vous raconter leur histoire? Chose certaine, notre passage sur terre ne passe pas inaperçu dans le quotidien des cervidés du Québec qui s’adaptent chacun à leur façon face à l’anthropisation de leur territoire.

 

Texte de Samira Ladouceur