UN NOUVEAU SENS POUR LES ESPÈCES EXOTIQUES ENVAHISSANTES ?

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Crédit : Mabel Amber

Roseau commun, image de Mabel Amber

Un voyage de l’Asie au Québec ! Un chemin parmi tant d’autres que certaines espèces indigènes subissent par l’action humaine. L’agrile du Frêne est un bel exemple d’espèce qui a fait ce long chemin par le passé. Les espèces exotiques envahissantes (EEE) peuvent être des plantes, des champignons ou des animaux. Leur implantation réussie dans un nouvel habitat nécessite cependant plusieurs facteurs clés. Chaque espèce se développe dans un milieu aux conditions précises, en interaction avec d’autres espèces pour former un écosystème à l’équilibre. En revanche, si une espèce est déplacée et introduite ailleurs par l’humain, elle peut avoir la chance de coloniser un nouvel environnement propice à sa croissance. Pour une plante, si les conditions météorologiques, le drainage et le type de sol sont semblables, ainsi que la présence de nourriture adaptée, l’espèce va pouvoir s’installer confortablement.  Cependant, comme un cheveu sur la soupe, elle vient chambouler l’équilibre d’un écosystème qui n’est pas le sien. Elle va croitre, compétitionner, jusqu’à dominer les espèces indigènes, puisqu’elle n’a pas de prédateur. Celle-ci devient alors une espèce exotique envahissante (EEE).

Logo de l'outil de détection Sentinelle

Logo de l’outil de détection Sentinelle

Plusieurs EEE nous sont connues grâce aux médias ; scarabée japonais, myriophylle à épis, roseau commun. Pour en apprendre plus sur les EEE au Québec visitez l’outil de détection Sentinelle . Il s’agit d’un répertoire des EEE propulsé par le Ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatique, de la Faune et de Parcs. On y présente les espèces de la faune et la flore, des insectes aux mammifères, aux plantes aquatiques et terrestres. En plus, chaque EEE est décrite avec des informations sur son habitat et sa propagation au Québec. De quoi devenir l’expertise en la matière dans ton cercle d’ami.e.s !

DANS LE FUTUR, QUI SERA CONSIDÉRÉ COMME UNE EEE ?

La question posée dans le livre Changements climatiques et biodiversité du Québec vers un nouveau patrimoine naturel est bien pertinente aujourd’hui, bien que la réponse reste philosophique. C’est-à-dire qu’elle porte au débat, qu’elle reste sans conclusion claire :

« Une nouvelle espèce qui arrive au Québec par ses propres moyens, à cause du réchauffement climatique, doit-elle être considérée comme une espèce exotique ? »

Page couverture du libre

Couverture du livre de Dominique Berteaux

Le point important de cette question peut être tranché avec cette composante de la définition du gouvernement du Canada : « Une espèce exotique est une espèce introduite ailleurs que dans son aire de répartition naturelle passée ou présente du fait des activités humaines. » Par exemple, une cale de bateau non nettoyée pourrait transporter des moules zébrées dans les cours d’eau du Québec. Le transport de fruits exotiques pour la consommation humaine porte un risque d’implantation, si une graine germe dans un écosystème de chez nous. Les changements climatiques sont une autre conséquence des activités humaines. Les espèces sont confrontés à un monde changeant qui peut les pousser à s’installer ailleurs.

Avec le réchauffement du climat, plusieurs espèces indigènes se retrouvent avec un nouveau territoire plus au Nord à coloniser. On appelle ce phénomène la remontée vers le Nord ! Leur aire de répartition actuelle se réchauffe et les conditions de vie deviennent moins idéales. Alors, elles sont portées à s’installer plus au Nord où la température, autrefois trop basse, devient maintenant adaptée pour combler leurs besoins. Le papillon comma (Hesperia comma) a vu son aire de répartition se déplacer vers le Nord de 220 km en 20 ans[1]. Pour en lire plus, voici le lien de l’article de Futura qui en fait allusion. Ainsi, « du fait des activités humaines » des espèces indigènes s’implantent ailleurs que leur aire naturelle de répartition.

Bref, qu’en pensez-vous ? Les espèces qui se déplacent vers le nord restent-elles indigènes, ou bien, sont-elles des EEE?

 

[1] Jean-Emmanuel Rattinacannou, Réchauffement : les espèces fuient vers le nord et en altitude. Futura https://www.futura-sciences.com/planete/actualites/climatologie-rechauffement-especes-fuient-vers-nord-altitude-32994/ (2011)

 

Texte de Audrey Thériault