L’EAU SUCRÉE DE NOS ÉRABLES

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La saison des cabanes à sucre est arrivée. Enfin, nous pouvons nous délecter des produits de l’érable. Comme nous le savons tous, pour faire du sirop d’érable, il faut bouillir l’eau d’érable que l’on a récolté des arbres, mais savez-vous comment un arbre peut produire ce liquide sucré ? Pourquoi ne commercialisons-nous pas vraiment l’eau sucrée d’autres arbres comme le saule ou le sapin ? Découvrez comment se forme ce liquide précieux et comment nous pouvons profiter des températures pour le faire couler. 

L’accumulation des sucres dans la plante 

Tout commence par la photosynthèse. Les plantes utilisent les rayons du soleil comme source d’énergie. Elle utilise aussi du CO2 et de l’eau. Pour la majorité des plantes, la photosynthèse se produit dans les feuilles. Celles-ci possèdent de petites ouvertures, appelées stomates, qui permettent d’absorber le CO2 de l’air. L’énergie du soleil emmagasiné par la plante sert donc à transformer le CO2 en une molécule plus grosse, le glucose.  

Indice, le glucose est un sucre, on se rapproche de notre but ! Le glucose est aussi une molécule de base pour la construction des structures de la plante. Tout le glucose produit par la photosynthèse en une journée va être transmis aux diverses régions de la plante par ses vaisseaux conducteurs, l’équivalent du système sanguin. 

Le glucose réparti dans la plante pourra servir à construire le nouvelles feuilles, ou branches ou racines. Le surplus sera emmagasiné sous forme d’amidon dans les racines comme réserve pour des besoins futurs… Il pourra aussi servir à produire notre sirop d’érable ! 

Chaudières pour recueillir l’eau d’érable. Image de Matt Barnard, Pexels

 

La coulée de l’eau d’érable 

Le Québec est une région optimale pour produire du sirop d’érable. L’hiver froid suivi d’un printemps plus doux est essentiel à la coulée. L’hiver, les températures sous-zéro font geler l’eau contenu dans l’arbre. Lors de l’arrivée du printemps, il y a dégel et la plante peut à nouveau puiser l’eau du sol et la faire circuler. En même temps, l’amidon dans les racines est séparé en molécules de glucose. L’eau, le glucose et d’autres éléments sont donc acheminée par les vaisseaux conducteurs partout dans l’arbre, pour construire entre-autres ses nouvelles feuilles. 

Précisément, il fait assez chaud le jour pour que l’arbre se dilate. La forte pression qui s’opère libère de l’eau gorgé de sucres, si l’on fait une entaille dans le tronc. La nuit froide amène cependant une contraction de l’arbre et l’eau cesse de couler. [1][2]La plante en profite aussi pour faire le plein d’eau dans le sol. Cette alternance de froid et de chaud quotidien est le secret pour prélever l’eau d’érable. 

Chaudière pour recueillir l’eau d’érable. Image de Natasha G., Pixabay

 

Le sirop d’érable, un produit spécial  

Il existe plus de 150 espèces d’érables, mais l’érable à sucre et l’érable rouge sont principalement utilisés pour la confection commerciale de sirop d’érable [1]. Chaque espèce d’érable a une eau sucée caractéristique. Tout simplement, la majorité des autres espèces n’ont pas bon goût lors du processus de transformation de l’eau d’érable en sirop. Pour d’autres arbres comme le chêne, l’aulnes, le peuplier, le hêtre, c’est la même chose. Saviez-vous que le bouleau jaune est aussi utilisé pour faire un sirop ? 

Sur le territoire québécois, la saison des sucres est approximativement de fin-février ou début mars jusqu’à la fin avril ou au début de mai. Le Québec a donc entre huit et dix semaines de coulée d’eau d’érable. En revanche, chaque arbre ne coule pas pendant toute cette période. Une érablière libère de l’eau d’érable pendant seulement 20 à 25 jours. Chaque arbre commence à couler lorsque les températures sont propices et cela dépend de sa position géographique. Par exemple, les érablières du sud-ouest du Québec comme celles situées en Montérégie finissent souvent leur saison avant que celles du nord commencent. [1]

Fait intéressant, il faut prélever environ 40 litres d’eau érable pour produire un litre de sirop. En 2023, le Québec a produit 9,4 millions de litres de sirop. Cela signifie qu’environ 370 millions de litre d’eau d’érable a été récoltée, soit environ 118 piscines olympiques! [3] 

Image de Pixabay

 

Hugo possède une érablière, il est lui-même acériculteur amateur. L’an dernier nous avons pu goûter le fruit de son travail lors de notre journée d’équipe. Quant à Daniel, il produit à chaque année du sirop à partir d’un érable argenté et d’un érable de Norvège, surprenant non? Et vous, allez-vous vous sucrez le bec à la cabane ? 

 

[1] Producteurs et productrices aéricoles du Québec. (2024). Les étapes de production du sirop d’érable. [En ligne]. https://ppaq.ca/fr/production-acericole/production-du-sirop-erable/ 

[2] Québec Science – Encyclo. (2018). Ça coule !. [En ligne]. https://www.quebecscience.qc.ca/14-17-ans/encyclo/ca-coule/ 

[3] La presse canadienne – La Presse. (2023). Chute marquée de la production de sirop d’érable en 2023. [En ligne]. https://www.lapresse.ca/affaires/2023-12-12/chute-marquee-de-la-production-de-sirop-d-erable-en-2023.php#:~:text=%C3%80%20lui%20seul%2C%20le%20Qu%C3%A9bec,relev%C3%A9%20au%20Qu%C3%A9bec%20depuis%202018. 

 

Texte de Audrey Thériault