ÉCLIPSE SANS DESSUS-DESSOUS  

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Fermeture des écoles primaire, activités de vulgarisation, attroupements pour l’observation… L’éclipse solaire du 8 avril prochain, chamboulera notre lundi après-midi, mais il y aura aussi des impacts importants sur d’autres organismes vivants. Voyons comment les animaux réagissent aux éclipses solaires ! 

Depuis des centaines d’années, l’impact des éclipses sur le comportement animal éveille la curiosité scientifique. Les animaux sont particulièrement sensibles aux éclipses puisqu’ils régulent leurs actions quotidiennes en fonction de l’alternance lumière-noirceur. De plus, la variation du nombre d’heures de luminosité au courant de l’année module les comportements comme la reproduction, la mue ou la migration. [1]

Héron cendré, image de Pixabay

Comment une noirceur totale de 2-3 minute accompagnée de 10-15 minutes de baisse de température peut moduler le comportement des animaux ? Les animaux sont habitués à un nombre d’heures d’ensoleillement plutôt constant d’une journée à l’autre. L’éclipse coupe la période d’ensoleillement de façon drastique et à une heure hautement inhabituelle. À Montréal et Sherbrooke, l’éclipse sera totale à 15h26 et 15h27, respectivement. De plus, elle aura une durée de 3,26 minutes en Estrie, mais de seulement 1,27 minutes à Montréal [2]. Curieusement, certains animaux ne semblent pas en être affectés, comme les vaches [1], zèbres, élans, crocodiles, phacochères, lions ou le héron [3]. En revanche, plusieurs autres sont grandement perturbés par ce changement. 

Hippopotames, image de Pixabay

Les animaux diurnes 

Les animaux diurnes sont actifs le jour et se reposent la nuit. Ils utilisent la période ensoleillée pour réaliser leurs tâches quotidiennes (se déplacer, se nourrir, se reproduire…). Lors d’une éclipse, la noirceur subite informe ces animaux qu’il est temps de se reposer.  

À l’éclipse de 2001, au Zimbabwe, un comportement nerveux et alerte a été observé à la suite de l’éclipse chez les impalas, bien que leur réaction pendant n’a pas pu être observé. Les babouins, ont arrêté de se nourrir et se sont déplacés vers leur lieu de repos pendant l’éclipse, plusieurs oiseaux ont fait de même. À la fin de celle-ci, les babouins sont retournés manger comme si de rien n’était, mais pas toutes les espèces d’oiseau observés. Les oiseaux qui chantaient avant l’éclipse, se sont tue lors de la noirceur et ont recommencé avec le retour de la lumière. Les écureuils diurnes sont restés dans leur trou et n’en sont pas ressorti après l’éclipse, même si normalement ils se nourrissent à cette heure. Des papillons, dès l’éclipse partielle, se sont posés et n’ont pas recommencé à voler par la suite. [3] Il a aussi été observé que les abeilles retournent à la ruche lors d’une éclipse, et ce, beaucoup plus rapidement qu’à l’habitude [4]. Les poissons Rohus ont aussi réduit leur recherche de nourriture à cause de la baisse de température de l’eau lors d’une éclipse [5]. Les araignées, pour leur part, ont commencé à défaire leur toile lors de l’éclipse et l’on reconstruit par la suite [6].

Abeilles retournant à la ruche, image de Pixabay

Les animaux nocturnes 

Les espèces nocturnes utilisent la période de noirceur de la journée pour s’activer et utilisent plutôt la période lumineuse pour se reposer. À l’opposé des animaux diurnes, des animaux nocturnes sont réveillés par la courte période de clarté dans leur sommeil. 

À l’éclipse de 2001, les hippopotames se sont réveillés et ce sont dispersés dans l’eau pendant, interlude de noirceur. Au retour de la clarté, ils sont restés stressés tout le reste de ma journée. Pour les hiboux, cette petite période de noirceur a stimulé leur hululement. [3] Certaines chauves-souris ont montré une activation lors de la période de noirceur durant l’éclipse de 1999 au Mexique. Quelques-unes sont sorties dehors alors que d’autres n’ont pas bougé [7]. 

Chauves-souris, image de Pixabay

En regard à tous ces comportements différents lors d’une éclipse totale du soleil, il est à se demander quels éléments dictent une modification du comportement ou pas. Mieux comprendre l’impact des éclipses sur les animaux nous amène aussi à mieux comprendre leurs comportements en milieux non naturels avec éclairage contrôlé. 

N’hésitez pas à nous faire part d’observations de comportements particuliers que nous pourriez faire en nature ou chez vos animaux de compagnie lors de l’éclipse du 8 avril! 

 

[1] De Henrike, L. et McLeish, T. (2024).  Eclipse and Revelation : Total Solar Eclipses in Science, History, Literature, and the Arts. Oxford University Press, Incorporated. p.358. https://ebookcentral.proquest.com/lib/usherbrookemgh-ebooks/reader.action?docID=7388610&ppg=308

[2] Gouvernement du Canada. (2024). Éclipse solaire totale du  https://www.asc-csa.gc.ca/fra/astronomie/eclipses/eclipse-solaire-totale.asp

[3] Murdin, P. (2001). Effects of the 2001 total solar eclipse on African wildlif. Astronomy & Geophysics, Volume 42, Issue 4, August 2001, Page 4.4, https://doi.org/10.1046/j.1468-4004.2001.0420044.4.x

[4] Waiker, P., Baral, S., Kennedy, A. et al. Foraging and homing behavior of honey bees (Apis mellifera) during a total solar eclipse. Sci Nat 106, 4 (2019). https://doi.org/10.1007/s00114-018-1597-2

[5] Jennings, S., Bustamante, R.H., Collins, K. and Mallinson, J. (1998), Reef fish behaviour during a total solar eclipse at Pinta Island, Galápagos. Journal of Fish Biology, 53: 683-686. https://doi-org.ezproxy.usherbrooke.ca/10.1111/j.1095-8649.1998.tb01010.x

[6] W. Uetz, G. et al. (1994). Behavior of Colonial Orb-weaving Spiders during a Solar Eclipse. Volume 96, Issue 1, Pages 24. https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/j.1439-0310.1994.tb00878.x

[7] Sánchez, O., Vargas, J. A., & López-Forment, W. (1999). Observations of Bats during a Total Solar Eclipse in Mexico. The Southwestern Naturalist, 44(1), 112–115. http://www.jstor.org/stable/30055414

 

Texte de Audrey Thériault