La phytoremédiation, une phytotechnologie aux multiples bénéfices

La phytoremédiation, une phytotechnologie aux multiples bénéfices

La phytoremédiation est une technique de décontamination douce qui exploite les capacités naturelles d’espèces de plantes, d’algues (phycoremédiation), mais également de champignons (mycoremédiation) à dégrader, emmagasiner ou immobiliser une vaste gamme de contaminants présents dans leur environnement (air, eau et sol)[1].

Quatre techniques de phytoremédiation sont employées, selon les types de contaminants présents sur les sites à décontaminer et les espèces végétales sélectionnées :

1- La phytostabilisation
Cette technique a pour but de stabiliser les éléments traces du sol (métaux [Zn, Cd] et métalloïde [As]) dans le réseau racinaire et autour de celui-ci afin de réduire leur mobilité et donc leur dispersion dans l’environnement. Cette stratégie ne résout pas le problème de contamination du sol, mais il permet de limiter son extension en attendant de mettre en place la phase de décontamination. Ce n’est donc pas une technique de décontamination à proprement parler, mais un mode de gestion des sites destinés à immobiliser les contaminants dans le sol. Afin d’améliorer le procédé, des amendements (ou agents immobilisants) organiques ou minéraux peuvent être ajoutés pour limiter la biodisponibilité des éléments traces. Les plus employés sont des composés phosphatés (phosphate de calcium, apatite), des composés organiques (compost ou boues), des argiles, des cendres et des produits alcalinisants (chaux).
2- La phytoextraction
Elle est basée sur l’accumulation des éléments traces dans les parties aériennes, récoltables, des végétaux, ce qui permet ainsi de réduire leurs concentrations dans les sols. La réduction n’est cependant que partielle, car elle ne concerne que la fraction phytodisponible des contaminants, c’est-à-dire la fraction des contaminants que les espèces végétales sont en mesure d’assimiler. Ainsi, la phytoextraction assistée permettra d’optimiser le processus en ajoutant différents amendements lorsque la plante a atteint un certain stade de croissance. Ces ajouts permettent d’augmenter les rendements d’extraction de deux manières : en favorisant la croissance et donc la biomasse des plantes, et en rendant plus biodisponibles les éléments traces présents dans le sol afin de faciliter leur absorption par les plantes et leur transfert vers les parties aériennes.
3- La phytodégradation
Elle consiste à faire dégrader ou transformer des contaminants organiques par des plantes qui les métabolisent dans leurs tissus ou à l’extérieur de ceux-ci grâce à des enzymes qu’elles sécrètent.
4- La rhizodégradation
Elle est basée sur la dégradation de contaminants organiques par les micro-organismes du sol associés aux racines.

La décontamination des sites contaminés par phytoremédiation est applicable en zone urbaine et rurale sur une vaste gamme de sols contaminés (terres agricoles, friches industrielles, sédiments excavés, etc.). Dans un contexte de développement durable, cette technique est préférable aux méthodes conventionnelles (excavation du sol et traitements hors du site contaminé) et se développe de plus en plus sur les marchés de traitement et de gestion des sites contaminés[2]. Même si elle est mieux adaptée à une contamination modérée et présente une contrainte relative à la durée des traitements, la phytoremédiation offre une solution de rechange aussi bien écologique que paysagère et financière. En effet, elle peut contribuer à la reconversion d’un site contaminé en espace vert, rehaussant son esthétisme paysager et son attractivité, mais peut également accueillir des projets éducatifs et sociaux, facilitant ainsi la tâche des décideurs pour l’aménagement raisonné du territoire.

Par exemple, depuis 2016, un projet concernant la réhabilitation par phytoremédiation de quatre hectares de friches industrielles contaminées a été mis en place dans l’arrondissement Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles[3]. Ce projet a pour but de tester plusieurs procédés de phytotechnologies et de phytogestion afin d’offrir les solutions clé en main les plus efficaces pour la réhabilitation de ce type de terrain.

 

[1] Greipsson S. (2011). Phytoremediation. Nature Education Knowledge 3 (10), 7.

[2] Bert V., Hadj-Saharaoui A., Leyval C., Fontaine J. et Ouvrard S. (2012). Les phytotechnologies appliquées aux sites et sols pollués — État de l’art et guide de mise en œuvre. ADEME (Ed), EDP

Sciences, 72 p.

[3] https://ici.radio-canada.ca/info/videos/media-8510445/pouvoir-decontaminant-plantes