DEVENIR DÉTECTIVE DES MILIEUX HUMIDES  

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Comment différencier marécages, marais, étangs et tourbières ?   

Il existe quatre grands types de milieux humides, savez-vous les identifier lorsque vous vous promenez dans la nature ? Réveillez le ou la détective en vous et découvrez les indices qui permettent de différencier ces milieux si importants pour notre planète. 

 

Qu’est-ce qu’un milieu humide (MH) ?  

« Les milieux humides constituent l’ensemble des sites saturés d’eau ou inondés pendant une période suffisamment longue pour influencer la nature du sol ou la composition de la végétation. », MELCCFP [1].

Il y a trois éléments à observer pour confirmer la présence d’un MH. C’est le temps d’ouvrir grand les yeux et de porter attention aux détails. Premièrement, il faut chercher dans la nature des marques de la présence de l’eau temporaire ou permanente qui ne s’écoule pas bien. Ce pourrait être une ligne de mousse sur tous les troncs d’arbres à la même hauteur. Deuxièmement, il faut creuser la terre. La présence d’eau réduit la quantité d’oxygène disponible dans le sol et cela influence l’apparence de celui-ci. Par exemple, on pourrait y voir des sols gris ou tachetées couleurs rouille ou une accumulation de matière organique. Troisièmement, regardez les espèces végétales présentes. Dans un MH, la moitié de celles-ci doivent être adaptées à un surplus d’eau dans le sol. Certaines de ces espèces, ne poussent que dans les milieux humides, comme les quenouilles, tandis que d’autres, comme l’érable rouge, grandissent parfois dans les milieux humides, parfois ailleurs. Bien sûr, les informations présentées sont des généralités, une personne spécialiste dans l’identification des MH peut observer d’autres éléments ou noter des contradictions. 

 Maintenant, que vous avez trouvé les premiers indices, voici comment différencier les quatre grands types de MH que vous pourriez rencontrer, soit : marécage, marais, étang et tourbière. L’application Seek est un bon outil pour identifier les espèces végétales, les détectives ne travaillent jamais seuls!

Image de Vladimir-Gladkov, Pexels

 

Marécage 

Commencez votre enquête en regardant la végétation. Elle doit être dominée par les arbres et arbustes à au moins 25%. Ensuite, il doit y avoir une grande quantité d’eau souterraine qui alimente le lieu. Le secret, il y a une nappe phréatique en grande partie située, à une faible profondeur, sous la surface du sol. [2] Il faut aussi analyser ce que l’on voit, car l’eau peut être visible seulement pour une partie de l’année sur le site. Pour confirmer la présence d’un marécage et résoudre l’énigme, il faut que le sol soit minéral, par exemple composé de sable ou d’argile. [4] 

Visitez le marécage de l’île Saint-Bernard près de Châteaugay pour découvrir cet écosystème particulier! 

Marais 

C’est un lieu où la végétation est dominée par des herbacées comme des graminées. Votre œil avisé pourrait y voir aussi des arbres et arbuste qui représentent moins de 25% des plantes présentes. Le marais est parfois contrôlé par les cycles de l’eau, que ce soit par des marées, inondations ou autres manifestations, et ce, quotidiennement, avec les saisons ou une fois par an. Votre enquête pourrait durer plus longtemps si vous souhaitez voir le cycle complet. Par contre, lorsque le marais est fermé (non lié à un plan d’eau), c’est plutôt la végétation herbacée qui indique sa présence.  N’oubliez pas d’inspecter le sol qui est de nature minérale ou organique.[2] [4] 

Visitez le Marais de la Rivière-aux-cerises à Magog pour découvrir un marais riverain et les espèces qui y vivent! 

  

Étang 

Il s’agit d’un lieu où l’eau est toujours présente. L’eau est stagnante comme dans un lac, mais le niveau baisse obligatoirement à moins de 2m pendant la période sèche [3]. Constatez que le milieu est recouvert de végétation à moins de 25%, puisque l’eau occupe la majeure partie de celui-ci. Les plantes aquatiques dominent, elles sont adaptées à vivre dans un milieu où il y a constamment de l’eau, contrairement aux plantes terrestres. Si vous poussez vos recherches, vous découvrirez aussi qu’on appelle aussi les étangs des « eaux peu profondes ». [4] 

Visitez l’étang Burbank de la Ville de Danville pour découvrir ces lieux intéressant que sont les marais! 

  

Tourbière 

Un lieu où à travers une très longue période il y a eu une accumulation de matières organique (plantes mortes) très lentement décomposée. Cette enquête vous fera donc remonter dans l’histoire! Pour être nommée tourbière, ce type de milieu humide doit avoir au minimum 30 cm d’épaisseur de matière organique en surface [4] . Certaines en cumulent plusieurs mètres d’épaisseur. Les tourbières sont classées selon leur type d’alimentation en eau, par la végétation qu’elles accueillent et bien plus. Lorsque non perturbées, les tourbières sont souvent des lieux de quiétude, à conditions que les mouches noires et les moustiques n’y soient pas trop présents. En vous y déplaçant, vous constaterez parfois une coté spongieux. Selon le type de tourbières, en balayant le terrain des yeux, vous verrez graminées, plusieurs espèces d’éricacées dont le bleuet ou le thé du labrador, des plantes carnivores et des arbres dont l’épinette noire.  

Visitez la tourbière du Parc Écoforestier de JohnVille en Estrie pour découvrir cet écosystème surprenant! 

 

L’intrigue est maintenant résolue! Les milieux humides sont des écosystèmes diversifiés que l’on peut reconnaître. Ils jouent plusieurs rôles écologiques essentiels pour la nature et l’humanité. Le gouvernement du Québec leur reconnait plusieurs fonctions écologiques, les connaissez-vous ? Les divers MH peuvent soit filtrer l’eau, séquestrer du carbone, offrir un lieu de vie à une multitude d’espèces, constituer une réserve d’eau ou agir contre l’érosion des berges [1].  Protégeons-les avec respect et émerveillement, comme des pépites d’or. 

Image d’un MH prise par Lauri Poldre, Pexels

 

[1] Ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs. (2024). Conservation des milieux humides et hydriques. [En ligne].  https://www.environnement.gouv.qc.ca/eau/rives/milieuxhumides.htm 

[2] Groupe de travail national sur les terres humides. (1997). Système de classification des terres humides du canada 2e Édition. Université de Waterloo, Ontario. 

[3] Portail des milieux humides et hydriques. (s.d.) Comprendre – Qu’est-ce qu’un milieu humide ?. [En ligne]. https://www.milieuxhumides.com/comprendre 

[4] Lachance, D., G. Fortin et G. Dufour Tremblay (2021). Identification et délimitation des
milieux humides du Québec méridional – version décembre 2021, Québec, ministère
de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, Direction
adjointe de la conservation des milieux humides, 70 p. + annexes, [En ligne], https://www.environnement.gouv.qc.ca/eau/rives/guide-identif-dellimit-milieux-humides.pdf
 

 

Texte de Audrey Thériault