Soleil de minuit

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Les journées sont longues sous le soleil de minuit. Après avoir passé 14 heures à survoler la toundra du nord de l’île de Victoria et avoir creusé de multiples pédons dans le pergélisol, rien de mieux que de s’offrir une petite partie de pêche à l’omble de l’arctique.

Le silence n’existe jamais. Sans parler, j’entends le bruit calme de ma respiration, des derniers blocs de glace qui s’entrechoquent sous le courant de la rivière et des mouches noires qui rêvent de ma peau toute chaude. Je me demande comment le poisson fait pour vivre dans cette eau glaciale toute sa vie. Un peu de chaleur, ça ne fait jamais de tort, quoique, dans ma poêle, il fera assurément trop chaud…

À ces latitudes, on lève le nez sur la truite grise. On ne souhaite qu’une seule chose, c’est qu’elle ne morde pas. Le but ultime, c’est qu’un omble de l’arctique morde à l’hameçon. Je lance la ligne dans les derniers remous, là où la rivière se jette dans le lac. Une fois, deux fois, pas besoin d’être bien patient. Une truite grise aussitôt remise à l’eau. Et c’est reparti, un lancer, et deux … ho, là, ÇA mord. Au bout d’un beau combat de 15 minutes, la bête se montre encore fière, mais épuisée. Et hop, la voilà hors de l’eau, avec ses trois pieds et ses 18 livres.

De la rivière à l’assiette s’écoule à peine une heure, le temps de vider le poisson et de le faire cuire. Satisfaction garantie, le bedon bien rempli, il est l’heure d’aller se coucher sous le soleil de minuit.

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